
Chères lectrices, chers lecteurs,
J’aimerais vous parler dans cet article des fameuses vitamines qu’on retrouve dans la plupart des compléments alimentaires.
Et en particulier, nous allons voir pourquoi les scientifiques leurs ont attribué des lettres : vitamine A, vitamine B, vitamine C… jusqu’à la vitamine K.
Je vous expliquerai aussi pourquoi la vitamine F n’existe pas.
Et pourquoi il existe plusieurs vitamines B numérotées ainsi : B1, B2, B3… jusqu’à B12.
Mais avez-vous déjà remarqué qu’il n’y a jamais de vitamine B4, ni de B7, ni de B10, ni de B11 dans les gélules ? Et si oui, savez-vous pourquoi ?
Dans ce billet, je vais essayer de vous aider à y voir plus clair. Mais avant, voici la définition officielle d’une vitamine :
Qu’est-ce qu’une vitamine ?
Une vitamine est une substance organique indispensable pour le métabolisme normal d’un organisme vivant. Elle doit aussi répondre à deux critères importants :
→ Une vitamine ne doit pas être une source d’énergie comme les protéines, les glucides ou les lipides.
→ Une vitamine ne peut pas être produite en quantité suffisante par l’organisme. Sinon ce n’est pas une vitamine. Un apport alimentaire suffisant est donc nécessaire.
La première vitamine découverte n’était pas la vitamine A
On pourrait croire que la première vitamine découverte a été appelée « vitamine A », que la deuxième a été appelée « vitamine B », et ainsi de suite.
Mais pas du tout.
En effet, la première vitamine fut la vitamine B.
Et voici pourquoi :
Tout commence en 1884, lorsque le médecin Takaki Kanehiro de la marine impériale japonaise, observe que certains marins qui ne mangeaient que du riz blanc souffraient de béribéri, mais pas les officiers qui avaient un régime « à l’occidentale »1.
Le béribéri est une maladie qui se manifeste par une grande fatigue ainsi que des problèmes neurologiques et cardiaques.
En 1887, un médecin néerlandais, Christiaan Eijkmann, remarque aussi que des poulets nourris exclusivement avec du riz blanc poli développent des symptômes proches du béribéri. Au contraire, les poulets nourris avec du riz complet ne développent pas la maladie2.
La conclusion est simple : les cosses de riz contiennent une substance dont les poulets ont absolument besoin pour rester en bonne santé.
Et c’était la même chose pour les marins japonais.
Il faut ensuite attendre 1912 pour que le biochimiste américain Casimir Funk réussisse à isoler cette fameuse substance et la nomme « vitamine B »3.
“B” comme… Béribéri.
Et en 1926, on se rend compte qu’il s’agit en fait de deux substances différentes, qui seront donc appelées “vitamine B1” et “vitamine B2”.
Le monde complexe des vitamines B
Par la suite, d’autres substances ont été découvertes et classées parmi les vitamines B.
Les scientifiques ont donc continué à les numéroter jusqu’à la vitamine B12 qui correspond à la cobalamine.
La vitamine B3, correspondant à la niacine, est parfois appelée vitamine PP. En effet, une carence en vitamine B3 provoque la maladie du Pellagre qui cause des dermatites, des diarrhées et des troubles cognitifs.
Toutefois, vous remarquerez que les vitamines B4, B7, B10 et B11 n’existent pas…
En réalité, ces chiffres ont été attribués à des substances bien précises :
- Vitamine B4 : l’adénine
- Vitamine B7 : l’inositol
- Vitamine B10 : l’acide para-aminobenzoïque
- Vitamine B11 : la carnitine
Mais les scientifiques se sont aperçus que le corps humain était capable de les produire en quantité suffisante par lui-même.
Elles ne sont plus considérées aujourd’hui comme des vitamines et elles ont donc été retirées de la liste.
Les autres vitamines
Toutes les vitamines B sont hydrosolubles, c’est-à-dire solubles dans l’eau.
Lorsque les scientifiques ont découvert le rétinol ils se sont aperçus qu’il répondait parfaitement à la définition d’une vitamine mais qu’il était soluble dans l’huile, et pas dans l’eau.
Le rétinol était tellement différent des autres vitamines B, qu’on lui a attribué une lettre différente… la première de l’alphabet.
Le rétinol est ainsi devenu la « vitamine A »4.
La vitamine A est indispensable pour la croissance, pour la vision, pour la peau et pour le cerveau. On la trouve dans l’huile de foie de morue et d’autres produits d’origine animale. Le bêta-carotène qu’on retrouve dans certains légumes peut être converti en vitamine A.
Puis on a ensuite découvert l’acide ascorbique dont la carence est responsable du scorbut5. On lui a attribué la prochaine lettre disponible : la « vitamine C ». Je vous en reparlerai plus en détail dans un prochain message.
Ensuite c’est au tour de la vitamine D (calciférol) dont la carence est responsable du rachitisme6. Notre corps est capable d’en produire un peu lorsque notre peau est exposée au soleil, mais un apport alimentaire reste indispensable.
Elle existe sous deux formes : la vitamine D2 (ergocalciférol) et la vitamine D3 (cholécalciférol). La vitamine D1 avait été attribuée à tort à un mélange. C’est pour cette raison qu’on ne l’utilise plus.
Enfin, on trouve la vitamine E découverte en 1922 et isolée de l’huile de germe de blé en 1936. Elle est indispensable pour le bon développement du fœtus. Il s’agit des tocophérols et des tocotriénols7.
Le cas particulier de la vitamine K
Vers la fin des années 1920, un biochimiste danois du nom de Carl Peter Henrik Dam, réalise des études chez des poulets.
Il constate qu’avec un régime pauvre en lipides, certains animaux souffrent d’hémorragies persistantes.
Il comprend ensuite qu’il existe dans l’alimentation une substance indispensable à la bonne coagulation. Cette substance est appelée vitamine K, qui vient de l’allemand Koagulation8.
Il en existe plusieurs formes. La vitamine K1 pour la phylloquinone et la vitamine K2 pour la ménaquinone. En fonction de la structure, la vitamine K2 est encore subdivisée en plusieurs catégories. Les plus courantes sont les vitamines K2 MK-4 et K2 MK-7.
La vitamine F a perdu son rang mais reste indispensable
Initialement, les célèbres acides gras essentiels Oméga-3 avaient reçu l’appellation de « Vitamine F »9.
Le problème c’est que par définition, une vitamine ne doit pas apporter de calories, ce qui est le cas des Oméga-3 puisqu’il s’agit de graisses…
Ils ne sont donc plus considérés comme des vitamines. Mais un apport alimentaire suffisant reste indispensable pour la santé cardiovasculaire, visuelle et cérébrale.
Avez-vous déjà entendu parler de la vitamine G ?
Très récemment j’ai découvert la « vitamine verte », ou vitamine G pour Green en anglais10.
Cette vitamine n’en est pas vraiment une. Vous ne la trouverez dans aucun aliment, ni en gélule d’ailleurs.
Il s’agit plutôt d’une force vitale, que vous pouvez obtenir au contact de la nature, des plantes, des arbres et des animaux lors d’une randonnée ou d’une simple balade dans un parc.
Pensez-y la prochaine fois que vous irez vous promener en forêt : la vitamine G est essentielle pour votre bien-être physique et mental et il n’existe aucun risque de surdosage !

Voilà, j’espère que vous avez apprécié ce message.
Prenez soin de vous,
Jérôme Bouvier
Sources :
1. D. Q. Tong, « Takaki Kanehiro and the diet experiments of beriberi in navy in modern Japan », Zhonghua yi shi za zhi (Beijing, China: 1980) 52, no 4 (2022): 213‑19.
2. Kenneth J. Carpenter, Beriberi, white rice, and vitamin B: a disease, a cause, and a cure (Univ of California Press, 2000).
3. Anna Piro et al., « Casimir Funk: his discovery of the vitamins and their deficiency disorders », Annals of Nutrition and Metabolism 57, no 2 (2010): 85‑88.
4. A. C. Ross, « Vitamin A and retinoids », Modern nutrition in health and disease 9 (1999): 305‑27
5. Kenneth J. Carpenter, The history of scurvy and vitamin C (Cambridge University Press, 1986)
6. Hector F. DeLuca, « History of the discovery of vitamin D and its active metabolites », BoneKEy reports 3 (2014).
7. Edward F. Bell, « History of vitamin E in infant nutrition », The American journal of clinical nutrition 46, no 1 (1987): 183‑86
8. U. Gröber et al., « Vitamin K: an old vitamin in a new perspective », Dermato-endocrinology 6, no 1 (2014): e968490
9. Colin Ratledge, « Microbial production of vitamin F and other polyunsaturated fatty acids », Industrial Biotechnology of Vitamins, Biopigments, and Antioxidants, 2016, 287‑320.
10. Peter P. Groenewegen et al., « Vitamin G: effects of green space on health, well-being, and social safety », BMC public health 6, no 1 (2006): 1‑9