Le gras est-il bon pour la santé ?

 

Chères lectrices, chers lecteurs,

Lorsqu’on parle des graisses dans l’alimentation, c’est souvent avec une connotation négative.

On pense alors au cholestérol, aux accidents cardiaques, à l’obésité…

Pourtant, les lipides sont indispensables à une bonne santé, et vous n’en mangez sans doute pas assez.

 

Voici pourquoi le gras est indispensable

 

Je me permets de vous faire un rappel :

les lipides forment une grande catégorie de macronutriments qui rassemblent “les graisses”. Ils sont chimiquement composés de substances appelées acides gras.

Les lipides proviennent de notre alimentation. Leur rôle est primordial pour le bon fonctionnement de notre organisme.

Nous avons besoin d’eux pour avoir de l’énergie et contrairement à ce qu’on entend souvent, notre premier carburant, c’est bien les lipides, et non les glucides.

Un gramme de lipides renferme deux fois plus d’énergie qu’un gramme de glucides ou de protéines (9 calories pour 1 g de lipides, 4 calories pour 1 g de glucides ou de protéines).

De plus, ce concentré d’énergie est immédiatement disponible pour l’organisme (les glucides ont besoin d’être transformer avant de devenir un carburant).

Et leur rôle ne s’arrête pas là !

Ils entrent dans la composition des membranes cellulaires et sont indispensables à la fabrication des hormones, au transport et au stockage de certaines vitamines ainsi qu’au fonctionnement normal du système nerveux.

Sans graisse nous ne pourrions pas supporter le froid.

Aujourd’hui je veux vous révéler cette grande vérité méconnue :

un corps dépourvu de graisse est un problème de santé tout aussi grave que l’obésité.

A tel point que les lipides devraient idéalement représenter de 35 à 40% de l’apport énergétique quotidien.

Cela représente environ 100 g pour un adulte dont l’apport énergétique moyen est de 2500 kcal par jour.

 

Tartines, rillettes ou huile d’olive, tout est bon !

 

Toutes les formes de lipides sont nécessaires à notre santé.

Que vous savouriez une tartine de pain frais accompagnée de délicieuses rillettes traditionnelles ou une salade de tomates généreusement arrosée d’huile d’olive bio, vous en retirerez des bénéfices.

Le problème vient avant tout du déséquilibre qui caractérise notre alimentation.

Nous mangeons trop de graisses saturées ou rendues toxiques par la cuisson.

Ne cherchez pas plus loin les raisons qui font qu’aujourd’hui le gras est considéré comme dangereux pour la santé.

C’est à cause de cet apport excessif des graisses dites saturées ou trans.

Faisons un point rapide sur les différents acides gras qui constituent la grande famille des lipides.

 

Les acides gras monoinsaturés

Ils sont principalement représentés par l’acide oléique (qui appartient à la grande famille Oméga-9).

Ils ne font pas partie des acides gras dits « essentiels » car notre organisme peut les fabriquer à partir des acides gras saturés.

Sachant cela, le rôle tant décrié de ces derniers prend alors un sens plus noble.

Les acides gras mono-insaturés sont essentiellement reconnus pour faire baisser le taux de LDL-cholestérol (celui qui est considéré comme mauvais).

Ils participeraient donc à la réduction des risques de maladies cardiovasculaires et d’hypertension.

 

Les acides gras polyinsaturés

Il s’agit de l’acide linoléique (qui appartient à la famille des Oméga-6) et l’acide alpha-linolénique (famille des Oméga-3).

L’organisme ne peut pas les fabriquer. Ils sont nommés acides gras essentiels.

Notre alimentation doit impérativement en comporter pour que l’organisme fonctionne correctement.

Les Oméga-6 et 3 sont nécessaires à la reproduction, à la croissance et à la formation des cellules.

Ils jouent également un rôle majeur dans le développement et le fonctionnement cérébral.

Les Oméga-3 à eux seuls interviennent dans la formation des membranes des cellules, dans les fonctions rénales, dans les réactions inflammatoires, allergiques, vasculaires, immunitaires et dans la coagulation du sang.

 

Les acides gras saturés

Les acides gras saturés sont depuis longtemps considérés comme l’ennemi à abattre.

La réalité n’est pas aussi simple que ça et j’y reviendrai plus tard.

La tendance générale consiste à dire qu’ils augmentent le taux du cholestérol sanguin et favorisent son dépôt sur les artères.

En conséquence, ils augmenteraient les risques de maladies cardiovasculaires.

 

Les acides gras trans

Ils découlent d’un procédé industriel, l’hydrogénation, qui modifie la configuration des molécules d’acides gras insaturés.

Ils permettent de confectionner, à partir d’huiles végétales insaturées, des matières grasses qui se conservent mieux, qui restent solides à température ambiante et qui sont adaptés à de hautes températures de cuisson.

Les acides gras trans ont les mêmes effets que les acides gras saturés… en pire !

Ce sont les seuls que j’estime véritablement néfastes pour la santé.

 

Hormis les acides gras trans, tous les lipides jouent un rôle important pour notre santé.

Il convient simplement de les consommer de façon équilibrée.

En respectant cette simple règle vous n’aurez nul besoin de vous priver ou de vous sentir inquiet pour votre santé.

 

Les acides gras saturés ne méritent pas leur (mauvais) sort

 

Même si j’en rêve, se nourrir uniquement de charcuterie et cuisiner tous les jours au beurre et à la crème fraîche n’est pas ce qu’il y a de mieux à faire.

Loin de moi l’idée de remettre en question le fait que les graisses saturées consommées en excès sont néfastes pour la santé.

Cependant, il me semble juste de mettre en lumière un point qui est rarement mis en avant.

Les graisses saturées ont été diabolisées depuis l’étude historique d’Ancel Keys sur les «sept pays» en 1970.

Il y était émis l’hypothèse que les gros consommateurs de viande et de gras étaient davantage sujets aux maladies cardiovasculaires du fait d’un cholestérol élevé.

Bien que l’on sache depuis les années 2000 que cette étude a été manipulée, nous avons du mal, depuis, à sortir de cette croyance.

 

Prenons un peu de recul

 

D’abord, nous fabriquons tous des acides gras saturés à partir notamment des glucides et de l’amidon de notre alimentation.

Ensuite, 50 % des graisses contenues dans le lait maternel sont des graisses saturées.

Il y a une bonne raison à cela : ils participent à des fonctions essentielles, comme l’acétylation des protéines, ce qui permet à ces dernières d’être actives dans nos cellules.

D’autres acides gras saturés ont un rôle antiviral et même un effet hypocholestérolémiant (ils font baisser le cholestérol).

Il faut savoir qu’en réalité, les études n’ont pas permis de juger de façon unanime que les acides gras saturés sont coupables dans le développement des maladies cardiovasculaires.

Plusieurs méta-analyses ont d’ailleurs conclu à l’absence de toute relation majeure entre les graisses saturées et les maladies des artères.

 

All-in sur les Oméga-3

 

Dans la grande famille des lipides, les Oméga-3 sont ceux que nous négligeons le plus.

Vous le savez j’en suis sûr, mais il est bon de le rappeler car leur importance est primordiale.

Nous consommons de façon générale trop d’Oméga-6 par rapport aux Oméga-3.

La conséquence, c’est que nous favorisons ainsi les phénomènes inflammatoires dans notre organisme, car un régime trop riche en oméga-6 inhibe l’effet anti-inflammatoire des acides gras Oméga-3.

La proportion idéale d’Oméga-3 par rapport aux Oméga-6 devrait être de 1/4 dans notre alimentation. Mais bien souvent, nous sommes plus proches de 1/3…

Les industriels utilisent en excès des huiles végétales riches en Oméga-6 dans leurs préparations : huile de tournesol, huile de soja, huile de maïs, huile d’arachides…

C’est une des raisons pour lesquelles vous devez veiller à limiter votre consommation de plats préparés.

Pour augmenter vos apports en Oméga-3, mangez plutôt :

  • des poissons gras comme les sardines ou les maquereaux,
  • fruits à coque comme les amandes, les noisettes, les noix, …
  • de l’huile de colza qui a un apport parfaitement équilibré en Oméga-3 et Oméga-6 ;
  • de l’huile de lin ou les graines de lin sont aussi une bonne source,
  • des œufs de poules nourries aux graines de lin, qui sont naturellement riches des Oméga-3. Pour cela, vous pouvez privilégier le label Bleu-Blanc-Cœur qui garantit une volailles nourrie au lin ou élevées en plein air.

 

Prenez soin de vous,

Jérôme Bouvier