Chères lectrices, chers lecteurs,

Connaissez-vous le champignon appelé “Cordyceps” ?

Ce nom barbare n’est pas aussi mélodieux que « morille » ou « chanterelle » et il est peu probable que vous le rencontriez lors de votre prochaine cueillette.

Mais en Asie, le cordyceps est un grand classique des médecines traditionnelles. 

Dernièrement, il a beaucoup fait parler de lui grâce à la série américaine « The Last of Us ». Dans cette fiction, il y est question d’un monde post-apocalyptique, où les humains ont été infectés par un champignon qui prend possession de leur cerveau. Et ce champignon, c’est justement le cordyceps ! 

Alors, devriez-vous prendre peur ? Le cordyceps présente-t-il un danger pour l’Homme ? Ou n’est-ce là qu’une exagération des scénaristes hollywoodiens ? 

Aujourd’hui, je vais tenter de vous présenter ce champignon méconnu et de vous rassurer à son sujet.

 

Des “chenilles” dans vos assiettes

Le cordyceps est totalement absent des cuisines occidentales. 

Les guides américains et européens le considèrent même souvent comme « non-comestible ». Mais je pense que c’est plus par ignorance.

En effet, en Asie, il est très courant de le croiser dans des recettes de bouillon de poulet, de soupe d’os de porc ou de pot-au-feu. 

Mais le cordyceps ne ressemble pas du tout à un champignon classique. On dirait plutôt une chenille momifiée !

Chez nous, quelque chose me dit que cet aspect étrange pourrait en rebuter plus d’un…

Certaines publications indiquent que le cordyceps pourrait être toxique s’il est consommé cru, mais qu’une simple cuisson suffirait à le rendre totalement inoffensif.

Je n’ai personnellement jamais eu l’occasion d’en goûter.

Si vous voulez tenter l’expérience, faites vous bien conseiller avant.

 

Un champignon médicinal utilisé depuis des millénaires

En Asie, le cordyceps n’est pas seulement un champignon culinaire. Il est aussi connu pour ses nombreuses propriétés médicinales, notamment contre la fatigue, les infections respiratoires, les problèmes rénaux et la faiblesse sexuelle1

Aujourd’hui, la science moderne continue d’étudier ce champignon et notamment sa principale substance active appelée “cordycépine”2,3.

 

Des effets thérapeutiques reconnus scientifiquement

Chimiquement parlant, la cordycépine est similaire à l’adénosine qui est abondante dans notre organisme.

En effet, l’adénosine participe à la formation de notre ADN, mais aussi à la molécule d’ATP (Adénosine tri-phosphate) qui fournit l’énergie nécessaire à toutes les réactions chimiques de nos cellules. Et l’adénosine est aussi un neurotransmetteur.

Ainsi, avec une structure très semblable à l’adénosine, la cordycépine peut agir de plusieurs façons à l’intérieur de nos cellules.

L’examen de centaines d’études animales montre que la cordycépine purifiée possède de nombreux effets thérapeutiques potentiels, notamment un effet immuno-régulateur, une réduction de la croissance tumorale, une répression de la douleur et de l’inflammation, une protection de la fonction cérébrale avec un effet antidépresseur, une amélioration des fonctions respiratoires et cardiaques, et une amélioration des troubles métaboliques4,5,6.

En revanche, il n’existe pas encore, à ma connaissance, d’étude clinique de grande envergure publiée dans une revue internationale pour valider ces effets chez l’Homme.

 

Le cordyceps en complément alimentaire

Les extraits de cordyceps sont autorisés en France pour les compléments alimentaires. Ils sont surtout utilisés pour favoriser le tonus, l’énergie et la vigueur sexuelle.

L’extrait que je recommande est appelé CordycepsPrime™. Il est produit par la société NuLiv Science. Il s’agit d’un extrait de mycélium de Cordyceps sinensis cultivé. La dose recommandée est de 500mg par jour.

Vous pourrez en trouver en gélules chez plusieurs marques françaises présentes sur Amazon.

Mais il y a une question à laquelle je n’ai pas encore répondu…

 

D’où vient la peur de ce champignon ?

Le cordyceps est un champignon « enthomopathogène ». 

Cela signifie qu’il peut s’attaquer à des insectes, pousser en eux et sur eux, et même prendre possession de leur système nerveux – d’où l’idée un peu exagérée que ces insectes se transforment en zombies. Si vous avez l’âme sensible, je vous déconseille de chercher des images sur Google. 

Mais n’ayez aucune crainte. Car ces espèces sont dangereuses uniquement envers les insectes. Le risque n’existe pas pour l’homme. Cela fait des millénaires que ce champignon est connu des médecines traditionnelles, et aucun monstre mutant ne rôde dans nos rues. 

Vous pouvez donc côtoyer ce gentil alien sans problème.

Et bon appétit !

Jérôme Bouvier

Sources :
1. Opeyemi Joshua Olatunji et al., Fitoterapia 129 (2018): 293‑316
2. KENNETH JONES, The Journal of Alternative and Complementary Medicine 4, no 3 (1998): 289‑303
3. Hardeep S. Tuli et al., Life sciences 93, no 23 (2013): 863‑69.
4. Masar Radhi et al., Molecules 26, no 19 (2021): 5886
5. Bai Li et al., International Journal of Neuropsychopharmacology 19, no 4 (2016): pyv112.
6. Xiaoxia Zhou et al., The American Journal of Chinese Medicine 36, no 05 (2008): 967‑80